L’importance du travail dans l’histoire de la pensée économique. – Importancia del trabajo en la historia del pensamiento económico

L’importance du travail dans l’histoire de la pensée économique.

L’importance du travail comme cause efficiente de la valeur et du progrès économique a été évidente tout au long de l’histoire de la pensée économique. C’est pour cette raison que les théories de la valeur-travail ont toujours été très importantes :

« A l’aube du mercantilisme, est apparu l’objectif du plein emploi de John Hales  qui a écrit que l’Etat devrait adopter des mesures tendant à assurer « une grande abondance » de biens ce qui exigeait l’emploi aux champs ou à la ville de toutes personnes en mesure de travailler »

William Petty a expliqué l’importance de l’emploi dans sa célèbre théorie selon laquelle, plus la population de la nation augmente, plus la richesse augmente. 1

D’autres figures importantes du Mercantilisme, comme William Temple (1671), Nicholas Barbon (1690), Josiah Child (1690), Sir Dudley North (1691), Charles Davenant (1695), John Law (1720), John Cary (1745), Josiah Tucker (1750), l’évêque Berkeley (1751) ou Malachy Posttlethwayt (1759) ont affirmé que le travail est la cause prioritaire de la richesse d’un pays. Selon eux, l’amélioration de l’emploi favorise la croissance économique et l’augmentation de l’offre monétaire a comme effet important l’augmentation de l’emploi et donc de la richesse. A leur avis, la taille de la population est un facteur décisif de la capacité économique d’un pays. Ils pensent, par ailleurs, que la majorité des mesures de politique économique peuvent s’expliquer en admettant que le plein emploi est l’objectif fondamental pour atteindre un pouvoir économique plus important.2

Plus tard, les théories d’Adam Smith, Ricardo et Marx, n’ont donné de l’importance qu’à la création de la valeur, ces théories de la valeur-travail ont dominé la pensée économique durant un siècle.

 Grâce à Ricardo et Karl Marx, l’importance indiscutable de l’œuvre de Smith dans l’histoire de la pensée économique et son influence prépondérante dans le domaine de la théorie de la valeur-travail, ont été réelles jusqu’au dernier tiers du XIXème siècle.

Ses prédécesseurs écossais, Gershom Carmichael et son maître Francis Hutcheson, qui avaient, eux-même, repris la tradition aristotélicienne par l’intermédiaire de Grocio et Pufendorf, avaient anticipé l’analyse des « ciseaux marshalliens » et avaient, également, établi les éléments basiques de l’utilité et de la rareté.

Ces deux idées sont essentielles dans le traitement de la théorie de la valeur, néanmoins, Smith a eu tendance à s’éloigner de ces concepts, il a plutôt insisté sur  l’importance du rôle du travail.3 La découverte de l’efficacité de la division du travail l’a, peut être, éloigné de la problématique de la valeur et l’a amené à s’intéresser exclusivement  au facteur du travail.4 

Si les Physiocrates ont, uniquement, mis l’accent sur la valeur de la terre, Adam Smith, lui, a jeté aux oubliettes les idées d’utilité et de rareté et a centré son approche sur la  valeur-travail. Si les Physiocrates avaient mis en avant une cause originaire de la valeur : la cause matérielle, Smith en a souligné une autre, une cause efficiente.

L’erreur ne consistait pas à considérer le travail comme une cause, puisque c’en est une, mais plutôt à identifier la valeur avec le travail, et ainsi oublier l’utilité, les causes finales, la demande.

Il serait intéressant d’insister sur les différences entre ces considérations  et les idées contenues dans ses Lectures, mais on ne peut nier que l’influence de La richesse des Nations a été définitive. Par la suite, c’est Ricardo qui a insisté à nouveau sur le travail.

Pour Adam Smith, il existait une double interprétation du travail : le labor contained et le labor comanded. Dans la théorie de Ricardo, c’est le travail incorporé qui est le plus important malgré son interprétation sui generis de Cassels. 5

L’interprétation, que nous assignons habituellement à Ricardo, se fonde sur la considération du travail comme travail incorporé.

Le travail utilisé pour la production des biens est réellement la base de la valeur d’échange des biens, à l’exception de ceux que l’homme ne peut transformer. « Si la quantité de travail contenue dans les marchandises régule leur valeur d’échange, chaque augmentation de la quantité de travail doit accroître la valeur de la marchandise, de même que chaque diminution doit la réduire » « La valeur d’échange des marchandises ou la règle qui détermine quel bien on doit donner en échange d’un autre, dépend presque exclusivement de la quantité de travail qui a été employée pour chacun d’eux »6

Ricardo s’incline pour le labor contained  et reproche à Smith sa défense de deux théories qui s’excluent mutuellement : le travail incorporé à la marchandise et le travail obtenu en échange de la marchandise : « Les deux quantités ne sont pas égales. Le labor contained  est le standard invariable qui permet d’indiquer correctement les variations des autres biens. L’autre, le labor comanded est l’objet de nombreuses fluctuations, tout comme les marchandises auxquelles il est comparé »7

Essayer d’évaluer en comparant avec le labor comanded revient à expliquer les valeurs par les prix. Ricardo, lui, tente de faire le contraire, c’est à dire, expliquer les prix par les valeurs.

Si le labor comanded est exclu, il ne reste que le labor contained pour expliquer la valeur. Ce travail ne peut s’évaluer qu’en consultant le prix du travail sur le marché. C’est une qualité objective et commune à tous les travaux : l’effort,  qui rend cette évaluation possible. Le travail, c’est la  sueur, les efforts musculaires et intellectuels, toil and trouble, comme disait Adam Smith, la désutilité, selon les marginalistes. Cette définition du travail est la seule véritable, celle qui doit permettre de le mesurer.8

La valeur dépend du travail incorporé, en terme de toil and trouble. Ricardo raisonne par exclusion. Il élimine, d’abord, les autres causes possibles de la valeur- utilité, rareté, marchandise, travail- et il ne reste plus que le labor contained dans sa conception de l’effort.

Ricardo considère que la valeur du travail-marchandise ou salaire naturel correspond au travail nécessaire à la fabrication des éléments qui sont indispensables pour maintenir le travailleur en vie. C’est la fameuse « loi de fer » des salaires.

Mais il existe un manque d’homogénéité entre les différentes formes de travail. Comment comparer, par exemple, une heure ou une journée d’un certain type de travail avec une heure ou une journée  d’un autre travail ? Smith comme Ricardo ont essayé de traiter le problème en ayant pour argument la capitalisation antérieure à chaque emploi. La capitalisation d’un médecin est différente de celle d’un aide maçon. Cependant, la quantité de toil and trouble est plus importante pour l’aide maçon que pour le médecin. Pour toutes les théories de la valeur-travail, le problème sera identique. Même le capital est considéré comme du travail ajouté aux objets du marché lors des opérations antérieures à leur fabrication.

Karl Marx a repris la doctrine de Ricardo selon laquelle la valeur d’échange des marchandises est régulée par le travail contenu. Même si Marx distingue valeur d’usage et valeur d’échange, et qu’il affirme que la valeur d’échange est une notion imaginaire, qui a été inventée, il la mesure par le labor contained.

« Quel est l’unique point commun entre  toutes les marchandises qui puisse servir à expliquer la valeur d’échange ? Si nous ne tenons pas compte de la valeur d’usage, la seule propriété commune à toutes les marchandises est celle d’être des produits du travail »9

Selon Marx, ce qui permet d’estimer la valeur d’un bien est la force-travail. En essayant de répondre aux difficultés rencontrées par Ricardo, il indique que même si les types de travail sont différents, ils ont quelque chose en commun que nous pouvons appeler : force-travail.  Cette force-travail se mesure par sa durée temporelle, en heure, jour, mois, etc.

Le travail, pour Marx, est l’unique origine de toute valeur. En admettant ce postulat réducteur, le corollaire de la plus-value est inévitable. Celui qui possède de l’argent achète la force de travail et les matières premières en échange d’une quantité d’argent D1. Ce qui est acheté et transformé en marchandises,  est vendu au marché. Pour cette marchandise, on reçoit une quantité d’argent D2 qui est supérieure à D1. Si c’est uniquement le travail incorporé à la marchandise qui a créé sa valeur, le profit du capitaliste (D2-D1) est injuste. Le travailleur a été exploité par le capitaliste. La valeur de la force de travail achetée par le capitaliste est inférieure à la valeur créée par cette même force de  travail. L’emploi de la force de travail est ce qui produit la plus-value.

Le raisonnement de Marx réduit le principe de valeur au travail, mais, en plus, il n’entend par travail que le concept de force. La tâche du capitaliste ou chef d’entreprise, qui consiste à organiser la production d’une certaine forme, selon un certain modèle, n’est pas considérée comme un travail. On admet, comme une évidence, que le chef d’entreprise ne travaille pas. Si l’activité du capitaliste était reconnue comme étant un travail, la distinction entre les capitalistes et les travailleurs disparaîtrait. Les deux seraient des travailleurs avec des fonctions distinctes qui échangeraient leurs services pour obtenir le meilleur produit final.

Reconnaître que le capitaliste effectue un travail créateur de valeur est le principe central des théories qui expliquent que l’intérêt du capital est l’équivalent du salaire correspondant au travail réalisé par le capitaliste. Les auteurs qui ont défendu ces théories sont les économistes anglais  : James Mill et McCullock, les économistes français : Courcelle-Seneuil et Cauwes et les économistes allemands : Schäffle et Wagner.

Marx, lui, considère les capitalistes comme de simples propriétaires sans aucune fonction positive de travail. Selon lui, les biens naturels ne sont pas des causes de la valeur. Par conséquent, ses théories de la plus-value et de l’exploitation du travailleur semblent logiques.

Ces deux théories ont été les armes du socialisme moderne, bien que leurs fondements scientifiques ne soient pas satisfaisants ; elles ont eu des conséquences importantes au niveau social tout au long du XIXème  siècle, avec des manifestations et des résultats qui s’étendent au XXème siècle.

La conclusion habituelle des théoriciens de la plus-value, qui consiste à dire que l’intérêt du capital est une partie du produit du travail, obtenu grâce à l’exploitation de la situation de pénurie de l’ouvrier, a eu des conséquences sociales d’une grande magnitude.

Cette révolution sociale dérivée des théories de l’exploitation est née de la transformation qu’a subit  la théorie économique de la valeur des biens après les  travaux  de Adam Smith et surtout de Ricardo.

Parmi les premiers théoriciens de l’exploitation, nous pouvons citer William Thompson en Angleterre et Sismondi en France.  Prudhom, Rodbertus et Lassalle, ainsi que Marx, sont les socialistes scientifiques, que nous retiendrons pour leur travail de diffusion de cette théorie, tout au long du XIXème siècle.

Dans cette théorie, les causes sont réduites à une seule cause : la cause efficiente, le travail ; et on réduit le travail à ses manifestations matérielles.

L’importance du travail comme cause de la valeur est soulignée par tous les défenseurs de la théorie de la valeur-travail. Cependant, Peter F. Drucker raconte une anecdote révélatrice pour notre propos. Lors d’un séminaire à Cambridge, un des élèves de Keynes lui demanda pourquoi il n’existait pas une théorie de la valeur dans sa Théorie Générale. La réponse de Keynes fut catégorique « Parce que la seule théorie  appropriée de la valeur est celle de la valeur-travail et qu’elle est totalement discréditée »  10

Dans le chapitre suivant, je n’essaierai pas de réviser l’opinion des penseurs qui historiquement ont souligné l’importance du travail, mais plutôt de réfléchir sur la véritable signification du fait que le travail est la cause efficiente de la valeur économique.

1 GRAMPP, “Los elementos liberales en el mercantilismo ingles”, The Quaterly Journal of Economics, LXVI, noviembre, 1952, cit. en El pensamiento económico…, P.78.
2 Id, pp. 79-80.
3 ROBERTSON, H.M, y TAYLOR, W.L, “ El enfoque de la teoria del valor en Adam Smith”, The Economic Journal, LXVII, junio 1957, Cfr. El pensamiento económico de Aristoteles a Marshall.
4 SMITH, A, Investigación sobre la naturaleza y causas de la riqueza de las naciones, Fondo de Cultura Económica, México1982, pp.3-7.
5 CASSELS, “ Nueva interpretación de la teoría del valor de Ricardo », The Quaterly Journal of Economics, XLIX mayo 1935, en El pensamiento…
6 RICARDO, D, Principios de economia politica y tributacion, Ayuso, Madrid, 1973, p. 7.
7 Id, p.8.
8 MENDEZ, José Maria, Relaciones entre economía y ética. Confederación española de Cajas de Ahorro, Madrid 1970, p.43.
9 MARX, Karl, El capital. Critica de la economia politica, 2a ed, Siglo  XXI, Madrid 1975, p.47.
10 DRUCKER, “Toward the next economics”, in BELL-KRISTOL (eds), The crisis in economic theory, Basic Books, New York, 1981, p.17.

FONDEMENTS DE LA VALEUR ECONOMIQUE – FUNDAMENTOS DEL VALOR ECONÓMICO

TEXTO ORIGINAL DEL AUTOR EN EL IDIOMA ESPAÑOL EUROPEO

Capítulo III

EL TRABAJO HUMANO COMO CAUSA EFICIENTE DEL VALOR

  1. Importancia del trabajo en la historia del pensamiento económico

La importancia del trabajo como causa eficiente del valor y del progreso económico ha sido patente a lo largo de la historia del pensamiento económico. De ahí la importancia que siempre han te­nido las teorías del valor trabajo:

«El objetivo del pleno empleo fue expresado en los albores del mercantilismo por John Hales, quien escribió que el Estado debería adoptar medidas tendentes a asegurar «una gran abundancia» de bienes, y que esto exigía el empleo en el campo y las ciudades de todo aquel que estuviera capacitado para trabajar.

«La importancia del empleo fue expresada por William Petty (1662) en su conocida proposición de que a medida que aumenta la población de la nación aumenta su riqueza en mayor proporción». 1

Otras importantes figuras del Mercantilismo como William Tem­ple (1671), Nicholas Barbon (1690), Josiah Child (1690), Sir Dudley North (1691), Charles Davenant (1695), John Law (1720), John Cary (1745), Josiah Tucker (1750), el Obispo Berkeley (1751) o Malachy Posttlethwayt (1759), destacaron con inequívocas afirmaciones que el trabajo humano es causa prioritaria de la riqueza de un país; que la mejora en el empleo y en la laboriosidad del trabajador favorece el crecimiento económico, que el incremento de la oferta monetaria tiene como efecto importante aumentar el empleo y por tanto la riqueza, que el tamaño de la población es factor decisivo en la capa­cidad económica de un país, que la mayor parte de las medidas de política económica se explican dando por supuesto que el pleno em­pleo es el objetivo fundamental para alcanzar un mayor poderío económico. 2

Posteriormente, y a partir de Adaro Smith, Ricardo y Marx, las teorías del valor trabajo comenzaron a dado importancia exclusiva en la creación del valor y dominaron durante un siglo el pensamiento económico.

A la importancia indiscutida y a su influencia preponderante en el pensamiento económico posterior de la obra de Adam Smith tene­mos que hacer responsable, casi tanto como a Ricardo y Kad Marx, del dominio de la teoría del valor-trabajo en el orbe económico hasta el último tercio del siglo XIX.

      Sus predecesores escoceses, Gershom Carmichael y su maestro Francis Hutcheson, que recogieron la tradición aristotélica a través de Grocio vía Puffendorf, anticiparon el análisis dual de «ambas hojas de las tijeras», de Marshall y consideraron también los elemen­tos básicos de utilidad y escasez.

Dichas ideas respecto a los términos de escasez y utilidad son esenciales para cualquier tratamiento de la teoría del valor; sin em­bargo, Smith tuvo cierta tendencia a apartarse de estos conceptos en pro de una acentuación respecto al papel del trabajo.3 Quizás des­lumbrado por el descubrimiento de la eficacia de la división del trabajo, decantó la balanza del valor hacia una consideración muy exclusivista de este factor. 4

Si los fisiócratas pusieron el acento exclusivo del valor en la tie­rra, Adam Smith desterró al olvido la ideas de utilidad y escasez, exclusivizando, como hemos señalado, el valor en el valor-trabajo. Si los fisiócratas resaltaron una causa originaria del valor, la causa mate­rial, Smith recalcó otra, la causa eficiente.

El error no estuvo tanto en la consideración del trabajo como causa -que sí lo es- como en identificar valor con trabajo y abrir el camino a la eliminación de la utilidad, de las causas finales, de la demanda.

Aunque sería conveniente resaltar el contraste de estos plantea­mientos con las ideas contenidas en sus Lecturas, no cabe duda de que la influencia de La Riqueza de las Naciones fue definitiva.

El énfasis en el trabajo a la hora de reflexionar sobre el valor fue puesto de manifiesto de nuevo por Ricardo.

Todavía en Adam Smith había una doble interpretación del tra­bajo como trabajo incorporado y como trabajo demandado. Sin em­bargo, con Ricardo el fiel de la balanza se inclinó claramente hacia el trabajo incorporado pese a la interpretación sui generis de Cas­sels. 5

La interpretación habitualmente asignada a Ricardo se funda­menta en .las afirmaciones contundentes realizadas en la línea de la consideración del trabajo como trabajo incorporado.

El trabajo consumido para producir los artículos es realmente la base del valor de cambio de todas las cosas, exceptuando aquellas que no pueden ser incrementadas por el quehacer humano. «Si la cantidad de trabajo contenida en las mercancías regula su valor de cambio, cada incremento en la cantidad de trabajo debe aumentar el valor de la mercancía sobre la que se ejerció, lo mismo que toda disminución debe rebajarlo.» «El valor de cambio de las mercancías o la regla que determina cuánto ha de ser dado de un bien a cambio de otro, depende casi exclusivamente de la cantidad comparativa de trabajo empleada en cada uno de ellos». 6

Ricardo se inclina por el «labor contained» y critica a Smith el hecho de defender dos teorías que se excluyen mutuamente: el traba­jo incorporado a la mercancía y el trabajo obtenido a cambio de ella: «No son iguales ambas cantidades. Una, labor contained, es, bajo muchas circunstancias, el standard invariable que indica correcta­mente las variaciones de las demás cosas. La otra, labor comanded, está sujeta a tantas fluctuaciones como las mercancías con las cuales se compara». 7

Tratar de medir los valores por comparación al labor comanded es explicar los valores por los precios. Pero Ricardo trata de hacer lo contrario, es decir, explicar los precios por los valores.

Excluido el labor comanded, sólo queda el labor contained como explicación del valor. Este labor contained no se mide por el precio que alcanza el trabajo en el mercado, sino por medio de una cualidad objetiva, transitiva y común a todos los trabajos: el esfuerzo. El tra­bajo en cuanto sudor, desgaste muscular e intelectual, toil and trou­ble, como decía Adam Smith, desutilidad, como dirán luego los marginalistas. Ésta es la verdadera explicación del trabajo y la magnitud con la cual debe ser medido. 8

El valor depende del trabajo incorporado en términos de toil and trouble. Ricardo razona por exclusión. Elimina primero las de­más causas posibles de valor -utilidad, escasez, mercancía, traba­jo- y no queda en pie más que el labor contained en su versión de esfuerzo, fatiga.

Se le plantea a Ricardo, una vez hecha la afirmación de que el labor contained es causa y medida del valor, el problema de determi­nar el valor del labor comanded, de la mercancía-trabajo, según la regla del labor contained. Llegará a la conclusión de que el valor de la mercancía-trabajo o el salario natural consiste en el trabajo inclui­do en la fabricación de aquellos elementos que son indispensables para mantener en vida al trabajador. Es la famosa «ley de hierro» de los salarios.

Establecida esta medida del valor en el trabajo, empiezan a surgir las dificultades de falta de homogeneidad entre las múltiples y distin­tas formas de trabajo. La complicación se acentúa cuando se intenta comparar una hora o una jornada laboral de un tipo de trabajo con una hora o una jornada laboral de otro tipo. Tanto Smith, como esencialmente Ricardo, empezarán a tratar de resolver el problema con circunloquios en la línea de la distinta capitalización anterior a las diversas clases de trabajo. No es lo mismo la capitalización de un médico que la de un peón de albañil. Sin embargo, la cantidad de toil and trouble en el peón puede ser superior a la del médico. El análisis de estos problemas llega a ser común a todas las teorías del valor-trabajo, fundamentadas en el trabajo pasado incorporado a la mercancía. El capital, incluso, será tan sólo trabajo que se añade al objeto de mercado en las operaciones previas a su fabricación.

Karl Marx recogerá la doctrina de Ricardo según la cual el valor de cambio de las mercancías está regulado por el trabajo contenido. Pese a distinguir valor de uso de valor de cambio y afirmar que el valor de cambio es algo inventado, imaginario, Marx le dará carta de naturaleza objetiva al medirlo con el labor contained.

 « ¿Qué es lo único común que hay en todas las mercancías, y que pueda ser tomado como explicación del valor de cambio? Si prescin­dimos del valor de uso, a las mercancías sólo les queda una propie­dad común: la de ser productos del trabajo». 9

La medida del valor para Marx será la fuerza-trabajo. Tratando de salvar las dificultades de Ricardo, indica que, aunque los trabajos son diferentes, tienen algo en común que podemos abstraer y que llamamos fuerza-trabajo.

Esa fuerza-trabajo se mide por su duración temporal, y el tiempo de trabajo, en consecuencia, por las divisiones del tiempo: hora, día, mes, etc.

El proceso iniciado por Adam Smith llega a su culminación más radical en Marx. El trabajo se convierte en el único origen de todo valor. Admitido ese postulado reduccionista, el corolario de la plus­valía es inevitable. El poseedor del dinero compra fuerza de trabajo y materias primas a cambio de una cantidad de dinero D1. Lo comprado, transformado y convertido en una mercancía que se lleva al mercado, se vende y se recibe a cambio de una cantidad de dinero D2, superior a D1. Si sólo el trabajo incorporado a la mercancía crea valor, la ganancia del capitalista (D2-Dl) es injusta. El trabajador es explotado por el capitalista. El valor de la fuerza de trabajo por el que la compra el capitalista es inferior al valor que esa fuerza de trabajo crea en el proceso laboral de producción. El empleo de la fuerza de trabajo es lo que produce la plusvalía. Los bienes de la naturaleza son comprados por el capitalista por lo que valen y los vende, incorporados a la mercancía transformada, por el precio mis­mo: luego la ganancia del capitalista proviene del trabajador.

En todo el razonamiento, además de reducir el principio de todo valor al trabajo, la valoración del trabajo se adscribe exclusivamente a la consideración de fuerza. No se considera trabajo la labor de complementar los factores en orden al cliente final del capitalista o del empresario. Se da por supuesto que el empresario no trabaja. No se advierte que la tarea de organizar la producción de una determina­da forma, según un modelo determinado, es trabajo del empresario. El propietario del capital, por su derecho de libre disposición de sus bienes, proyecta libre y responsablemente el modelo a producir. Esa tarea de proyección, invención y complementación de los factores en orden al servicio del usuario final es olvidada por Marx al reducir el trabajo a la categoría de trabajo-fuerza. Si se reconoce la labor del empresario como trabajo, desaparece la distinción entre clase capita­lista y clase trabajadora. Ambos serían trabajadores con funciones distintas que intercambiarían sus servicios en orden a la consecución de un mejor producto final.

Este reconocer al capitalista una labor creativa de valor está en el núcleo de las teorías que explican el interés del capital como el sala­rio correspondiente a un trabajo realizado por el capitalista. Entre estos autores cabe destacar a James Mill y McCullock, entre los in­gleses; a Courcelle-Seneuil y Cauwes, entre los franceses; y a Schäffle y Wagner entre los alemanes.

Pero en Marx, al estimar la función del capitalista como simple propietario, sin función positiva de trabajo y, a su vez, no dar ningu­na virtualidad como causa de valor a los bienes naturales, surge lógi­ca su consideración unidireccional de la plusvalía y de la explotación del trabajador por el capitalista.

Esta teoría de la plusvalía y la explotación fue el arma esgrimida por el socialismo moderno y, aunque no goza de fundamentación científica satisfactoria, tuvo las mayores consecuencias prácticas y sociales a lo largo del siglo XIX, con manifestaciones y resultados importantes que se extienden al presente siglo XX.

La conclusión básica de los teóricos de la plusvalía, según la cual el interés del capital consiste en una parte del producto del trabajo ajeno, obtenida mediante la explotación de la situación de penuria del obrero, tuvo unas consecuencias sociales de gran magnitud.

Esta macrorrevolución social derivada de las teorías de la explo­tación se gestó en el giro peculiar que la teoría económica sobre el valor de los bienes tomó desde Adam Smith, y especialmente desde la decantación de Ricardo hacia el labor contained.

Entre los primeros teóricos de la explotación podemos citar a William Thompson en Inglaterra y Sismondi en Francia.

De entre la gran cantidad de socialistas científicos que aparecen a lo largo del siglo XIX podríamos destacar a Prudhom, Rodbertus y Lassalle por su mayor relieve en la difusión de dichas teorías junto con Marx.

Con las teorías de la explotación se radicaliza hasta sus últimas consecuencias la negación de la virtualidad de los bienes naturales y de los instrumentos de producción entre las causas originarias del valor económico, para afirmar la exclusiva causación del trabajo y éste valorado por los medios necesarios de subsistencia. Hay una reducción de las causas a la causa eficiente del trabajo y una nueva reducción del trabajo a sus manifestaciones más materiales, tanto en cuanto a su consideración como factor productivo como a los medios de mantenimiento del trabajador.

Aunque la importancia del trabajo como causa del valor es desta­cada fundamentalmente por todos los defensores de la teoría del valor trabajo, cabe destacar posteriormente el hincapié que hace Marshall en sus Principios en la tesis de que el progreso de la pobla­ción en número y bienestar depende del mantenimiento y expansión de la «demanda efectiva» de mano de obra, de trabajo.

Incluso Peter F. Drucker recoge una anécdota que le ocurrió a Keynes en un seminario de Cambridge. Uno de los alumnos pregun­tó al maestro por qué no había una teoría del valor en la Teoría General. La respuesta de Keynes fue rotunda para nuestros propósi­tos: «Porque la única teoría del valor apropiada es la teoría del valor ­trabajo y está totalmente desacreditada». 10

En este capítulo trataré, no de revisar la opinión de los pensado­res que históricamente destacaron la importancia del trabajo, sino de reflexionar sobre las consecuencias del hecho de ser el trabajo causa eficiente del valor económico.

 GRAMPP, «Los elementos liberales en el mercantilismo inglés», Tbe Quaterly Journal of Economics, LXVI, noviembre, 1952, cit. en El pensamiento económico…, p.78.
 Id., pp. 79-80.
3 ROBERTSON, H. M., Y TAYLOR, W. L., «El enfoque de la teoría del valor en Adam Smitb, The Economic Journal, LXVII, junio 1957. Cfr. El pensamiento eco­nómico de Aristóteles a Marshall.
4  SMITH, A., Investigación sobre la naturaleza y causas de la riqueza de las nacio­nes, Fondo de Cultura Económica, México 1982, pp. 3-7.
 CASSELS, «Nueva interpretación de la teoría del valor de Ricardo», The Quaterly Journal of Economics, XLIX. mayo  1935, en El pensamiento….
 RICARDO, D., Principios de economía política y tributación, Ayuso, Madrid 1973, p. 7.
 Id., p. 8.
 MÉNDEZ, José María, Relaciones entre economía y ética. Confederación Espa­ñola de Cajas de Ahorro, Madrid 1970, p. 43.
 MARX, Karl, El capital. Crítica de la economía política, 2ª’ ed., Siglo XXI, Madrid 1975. p. 47.
10   DRUCKER, «Toward the next economics», en BELL-KRISTOL (eds.), The crisis in  economic theory, Basic Books, Nueva York, 1981, p. 17.

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